Faits marquants de l’année 2023 En 2023, 25,2 MW d’installations photovoltaïques ont été raccordées au réseau électrique, ce qui représente une augmentation de 10,4% du parc photovoltaïque en un an. On note également le démantèlement de la batterie NaS de Bras des Chevrettes (qui était un prototype expérimental mais dont la technologie est désormais obsolète par rapport au lithium et montre un intérêt économique moindre au vu des autres technologies disponibles), d'où une déconnexion totale sur le réseau depuis 2022. Pour la partie charbon/bagasse/biomasse solide, une puissance installée moindre est observée en 2023, résultant d'une perte de puissance due à la conversion biomasse de l'unité de Bois-Rouge. Enfin, s'agissant de l'éolien, on observe une déconnexion de 6,3 MW à la suite du démantèlement de la ferme éolienne de Sainte-Rose. Un renouvellement du parc est prévu, avec une mise en production estimée en 2025. Le parc de Sainte-Suzanne fonctionne toujours à 8,8 MW pour 4 éoliennes (avec 9 éoliennes au total en fonctionnement à la fin du repowering du parc).
Parc de production d'électricité
Puissance raccordée au réseau en 2023 : 984,8 MW
Depuis 2019, la puissance présentée dans ce tableau est la puissance raccordée au réseau électrique par contrat, sauf pour la centrale charbon-bagasse-biomasse de Bois Rouge et la centrale hydroélectrique de Rivière de l’Est pour lesquelles la puissance installée a été considérée afin d’assurer la continuité des données avec les années précédentes.
Puissance raccordée au réseau électrique au 31 décembre 2023 : 984,8 MW
Puissance installée sur le réseau au 31 décembre 2023
Du fait d’arrondis, des écarts peuvent être constatés sur certains totaux.
L’énergie renouvelable non synchrone est une énergie produite et injectée sur le réseau par intermittence car elle dépend directement des conditions météorologiques. Elle n’est pas pilotable par le gestionnaire de réseau. Les énergies photovoltaïque et éolienne sont non synchrones.
L’année 2023 voit l’augmentation du parc photovoltaïque se poursuivre après une croissance très rapide entre 2008 et 2012 (croissance annuelle moyenne de près de 142% sur la période) et un ralentissement depuis 2013 avec un taux de croissance annuel moyen de 5,9%. Les groupes électrogènes ont été sollicités en 2023 à hauteur de 24 MW. Globalement, le parc de production évolue peu d’année en année.
Évolution du parc en service de 2000 à 2023 en MW
Répartition des unités de production en puissance en $BUTTON1
En termes de puissance installée sur le réseau de l’île, 47% (466,9 MW) du parc de production à partir de ressources renouvelables exclusivement est influencé à la hausse par l’augmentation des systèmes photovoltaïques et par une utilisation importante de la biomasse solide lors de la conversion biomasse du l'unité de Bois Rouge.
A l'exception du mixte et des batteries, les autres moyens de production ont également évolué :
- Mixtes (les tranches des centrales Albioma qui utilisent du charbon et de la bagasse et la TAC qui utilise du bioéthanol et du gazole) : 20% soit 443,9 MW;
- Exclusivement au charbon, fioul et au gazole : 30% soit 292,0 MW (diminution de la puissance installée due à la conversion biomasse des unités de production);
- L'introduction des groupes électrogènes : 2% soit 24 MW;
- le stockage, avec la batterie lithium-ion de Saint-Leu et celle de Cratère de Saint-Benoît : 1%, soit 10 MW.
Production d'électricité
Production électrique en 2023 : 3 085,1 GWh (265,3 ktep)
Production d'électricité
Il s’agit de l’offre électrique nécessaire pour répondre à la demande (production électrique nette livrée sur le réseau). En 2023, la production électrique livrée sur le réseau est de 3 085,1 GWh soit 265,3 ktep. La production électrique provient pour 43,4% des énergies primaires fossiles (pétrole et charbon, incluant également les huiles usagées indifférenciables du charbon) et pour 56,6% des énergies renouvelables. La part renouvelable est en augmentation (+18,5 points) par rapport à 2022.
Cette croissance est due à une augmentation significative de la production à partir de la biomasse solide (320,9 GWh en 2023 contre 50,6 GWh en 2022) suite à la conversion de la centrale Albioma Bois Rouge en septembre 2022 qui fonctionne aux pellets de bois.
L'introduction du biodiesel, à la centrale Port EST en juin 2023, qui a remplacé le fioul lourd courant du troisième trimestre, a contribué à une production électrique à hauteur de 500,9 GWh, assurant ainsi 16,2% de la production.
Pour info Le parc éolien de Sainte-Suzanne est en fonctionnement sur 4 éoliennes depuis mars 2023 et les 5 autres éoliennes devraient être mises en service courant 2024. La ferme éolienne de Sainte-Rose a connu un démantèlement en 2023. Un renouvellement est prévu, avec une mise en production estimée en 2025.
Les groupes de secours ont été sollicités pour répondre à la demande d'électricité en période de pointe lors des différentes avaries en 2023.
Production électrique totale par type d’énergie $BUTTON1 en GWh
La part des énergies renouvelables locales est fortement liée aux productions annuelles à partir de l'hydraulique et de la bagasse. Ces deux productions sont généralement dépendantes de la météorologie, la pluviométrie et l'ensoleillement notamment. Avec une année 2023 qui connaît une forte baisse en matière de pluviométrie par rapport à 2022 (-20%) et des aléas liés aux moyens de production, la production à partir de l'hydraulique a reculé de 37,9% (393,6 GWh en 2023 contre 634,2 GWh en 2022).
La production à partir de la bagasse a augmenté de 11% en 2023, le volume de canne étant plus important que l'année précédente (+6,9%) et la teneur en fibre plus élevée.
La production photovoltaïque s'intensifie avec une augmentation de la puissance installée, soit +25,2 MW en 2023 par rapport à 2022.
Évolution de la production d'électricité de 2000 à 2023 en GWh
En 2023, la production électrique a augmenté de 0,7% par rapport à 2022 (+20,8 GWh). La production d’électricité s'est stabilisée entre 2021 et 2023, tout en restant à un niveau légèrement supérieur à celui de 2019 (dernière année pleine précédent la crise de 2020). La croissance de la production d’électricité ralentit et tend à se stabiliser : depuis 2010, elle est en augmentation de 1,3% par an en moyenne, contre 4,5% par an en moyenne sur la période 2000-2010.
En 2023, la production électrique à partir des énergies renouvelables est de 1745,5 GWh, soit une augmentation de 591 GWh par rapport à 2022 (+51,2% entre 2023 et 2022). La production renouvelable de l’année a été la plus importante enregistrée depuis 2000.
Concernant la production électrique à partir d’énergies fossiles, elle connaît a contrario une diminution de 570,2 GWh entre 2022 et 2023. Le recours aux combustibles fossiles a été limité pour privilégier la production électrique à partir des pellets de bois et du biodiesel en 2023.
On note un recul de 29,6% de la production à partir du fioul et du gazole, principalement à la faveur de la production grâce au biodiesel. La production à partir du charbon a diminué de 31% passant de 581,5 GWh en 2022 à 401,3 GWh en 2023. Ceci s'explique par la conversion des moyens de production pour l'utilisation de nouvelles ressources renouvelables.
Depuis 2021, l'ordre du mérite (ou merit order), qui est le principe économique consistant à utiliser les moyens de production électrique les moins chers en priorité, a été largement modifié du fait de l'augmentation significative du prix du CO2 et des combustibles. Au premier semestre 2023, cela a conduit à appeler en base les moyens de production au fioul lourd. Par la suite, après travaux de conversion et après utilisation de la bagasse, les moyens au charbon ou pellets ont été appelés en base et le bioliquide en semi-base.
En 2023, la production hydraulique a diminué de 240,6 GWh pour un total de 393,6 GWh. Elle impacte directement la production électrique au charbon et à la biomasse solide (pellets de bois) qui permet de compensé le manque de production. La production d'origine des pellets de bois a connu une forte augmentation, passant de 50,6 GWh en 2022 à 320,9 GWh en 2023.
La production d'électricité à partir du gazole non routier sert à ajuster la production pour répondre aux besoins de consommations ou bien lors d'indisponibilités fortuites sur les autres moyens de production du territoire. Ainsi, lors de la pointe du soir, des moyens très rapides (les TAC du Port et Saint Pierre) peuvent être démarrées pour répondre aux pics de demande.
Production et puissance maximum mensuelles
La puissance maximale appelée en 2023 est légèrement supérieure à celle de 2022 mais est proche à celle appelée en 2020. Depuis 2018, la puissance maximale appelée varie entre 486 et 502 MW.
On notera également que les puissances appelées maximales les plus faibles se situent globalement entre les mois d'avril et juillet depuis 2018 (soit en période dite hivernale, moins de recours à la climatisation et en dehors de la campagne sucrière) mais tendent à se déplacer à partir de 2021 entre les mois de juin à septembre.
Concernant les puissances maximales les plus fortes, elles sont appelées entre décembre et mars (période estivale) depuis 2018.
Production électrique et puissances maximales appelées
En 2023, la pointe de demande instantanée a atteint son maximum au mois de février similairement à l'année précédente. En 2021 et 2020, ce maximum était atteint en mars (période de confinement) et en décembre pour les trois années précédentes. Les pointes sont liées aux hausses de températures (période d’été austral). Plus il fait chaud (principalement en été), plus on consomme d’électricité (plus de climatisation).
De mai à juillet, les températures étant plus fraîches, le recours à la climatisation diminue.
De juillet à décembre, la production électrique a aussi tendance à augmenter du fait de l’augmentation des températures d’une part et de l’activité sucrière qui a un impact sur la consommation électrique d’autre part.
Le seuil de déconnexion, c’est-à-dire le seuil au-delà duquel la production électrique à partir d’énergies non synchrones peut être déconnectée du réseau pour ne pas mettre en péril son équilibre (le choix de la déconnexion revient au gestionnaire de réseau), est passé à 35% en décembre 2018. En 2023, ce seuil a été atteint en septembre et octobre, et n’a pas donné lieu à la déconnexion. Il n’y a eu aucune déconnexion d’installations photovoltaïques depuis 2019. Autrement dit, l’intégralité de l’énergie produite par les installations photovoltaïques a été injectée en 2023. Pour rappel :
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | |
---|---|---|---|---|---|
Nombre de jours avec déconnexions | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Énergie non injectée sur le réseau en raison de ces déconnexions en MWh | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Récapitulatif de la situation électrique
De 1995 à 2000, la production électrique a augmenté en moyenne de 6,3% par an. De 2000 à 2010, la production électrique a augmenté de 4,4% par an en moyenne.
Enfin, de 2010 à 2020, la production électrique a augmenté en moyenne de 1,3% par an.
La croissance de la production électrique s’explique par l’augmentation croissante de la demande en électricité (malgré les diminutions constatées en 2018 et 2020), même si l’augmentation est moindre depuis 2010 et malgré le pic de 2021.
Conversion de la centrale Albioma Bois Rouge en 100% biomasse et de la centrale Port EST au biodiesel.
10,4% de la production électrique à partir des pellets de bois et 16,2% à partir du biodiesel.
Augmentation de 51,2% de la production électrique à partir de tous énergies renouvelables confondus entre 2022 et 2023 qui s'explique par l'impact du repowering du parc éolien de Sainte-Suzanne et l'impact des conversions des centrales thermiques de Bois-Rouge et du Port Est.
Faits marquants de l’année 2023 56,6% de la production électrique a été réalisée à partir des énergies renouvelables à La Réunion en 2023 ; ce chiffre est le taux le plus fort d'énergies renouvelables dans le mix électrique depuis 2000.
Part des EnR dans le mix électrique
Réseau électrique
10 971 km de lignes électriques haute tension en 2023
En 2023, il y a 25 postes sources sur l’ensemble de l’île. Le nombre de postes de distribution publique HTA/BT a augmenté pour atteindre 4 778 postes en 2023 (+11 par rapport à 2022).
Réseau électrique haute tension (63 kV)
La longueur du réseau électrique de l’île de La Réunion en kilomètres est présentée dans le tableau ci-dessous :
En km | Réseau aérien | Réseau souterrain | Réseau sous-marin | Total |
Variation 2023/2022 |
---|---|---|---|---|---|
HTB (63 kV) | 422 | 94 | 34 | 550 | 0% |
HTA (15 kV) | 961 | 2 850 | 0 | 3 811 | + 1,4% |
Basse tension (230 V et 400 V) | 3 701 | 2 909 | 0 | 6 610 | + 1,6% |
Part du réseau | 46,3% | 53,3% | 0,3% | - | - |
Consommation d'électricité
Consommation électrique en 2023 : 2 728 GWh
Consommation d'électricité par type de client
La consommation électrique estimée à fin 2023 est de 2 728 GWh.
On estime que les actions d’efficacité énergétique menées en 2023 ont permis d’éviter une consommation de 79,3 GWh. Cette consommation se détaille selon les clients « tarif bleu » et « tarif vert ».
Un décalage est constaté entre l’évolution de la production et de la consommation chaque année. Cette différence s’explique par le fait que la consommation est estimée à partir de la relève des compteurs dans l’attente du déploiement complet des compteurs numériques qui permettra d’avoir des données plus fiables.
La nomenclature actuelle d’EDF regroupe les clients sous 4 catégories, qui sont les suivantes :
- Les gros consommateurs : clients alimentés au niveau de tension HTA, quel que soit l’usage (les industriels, les hôpitaux, les aéroports…)
- Les collectivités locales (usage déclaré du contrat) : collectivité, service public ou éclairage public, avec alimentation BT (inclus BT+)
- Les clients professionnels (usage déclaré du contrat) : agriculteur, professionnel et service commun d’immeuble, avec alimentation BT (inclus BT+)
- Les clients particuliers (usage déclaré du contrat) : domestique (inclus BT+, il y a des clients domestiques au niveau de tension supérieur à 36 kVA).
Cette nomenclature permet de présenter une vision relativement large des consommations par clientèle.
Suivi des estimations de consommation électrique et du nombre de clients par tarification de 2005 à 2023
Segmentation de la clientèle et part dans la consommation $BUTTON1
Conformément à la délibération de la CRE 2018-071 du 22 mars 2018 portant sur le projet de comptage évolué, EDF a commencé à déployer des compteurs numériques sur le territoire de La Réunion. Ainsi, à fin 2023, il y a 402 830 compteurs numériques installés dont 401 378 sont d’ores et déjà communicants. Environ 445 000 compteurs numériques seront déployés à La Réunion d’ici à fin 2024. Leur déploiement permettra un suivi plus précis de la consommation électrique.
Pour les bilans énergétiques de La Réunion depuis 2012, une partie des clients « collectivités locales » en tarif vert est comptabilisée dans les clients « gros consommateurs ».
Focus sur la consommation électrique domestique
En 2023, la consommation électrique domestique totale est de 1 229 GWh. Cela correspond à une consommation moyenne de 3,27 MWh par abonné, en baisse de 7,5% par rapport à 2022 et de 1,41 MWh par habitant.
En 2022, la consommation moyenne par abonné était de 3,53 MWh soit 1,51 MWh par habitant.
Consommation électrique domestique
Consommation d'électricité par commune
L’influence de la taille de la population des communes explique en partie les grandes différences entre les consommations électriques annuelles sur le territoire. Les écarts proviennent également de la forte différence de leurs activités économiques, industrielles et commerciales.
Entre 2017 et 2018, la consommation totale d’électricité avait globalement diminué, puis augmenté de 1,6% entre 2018 et 2019 et enfin diminué à nouveau de 1,6% entre 2019 et 2020.
Entre 2020 et 2021, la consommation avait augmenté de 3,0% avec une hausse de consommation de 4,0% uniquement sur le territoire de la TCO.
Entre 2022 et 2023, nous constatons une baisse de la consommation globale de -3,2% pour l'ensemble du territoire. Une baisse des consommations a été observée pour la majorité des EPCI : le TCO (-6,5%), la CIVIS (-4,9%), la CASUD (-3,8%) et la CIREST (-1,5%). La CINOR a toutefois enregistré une hausse de 1,4% sur son territoire.
La carte ci-dessous représente la répartition de la consommation du territoire selon les communes en 2023. Sans surprise, la consommation est concentrée dans les communes les plus peuplées.
Consommation électrique par $BUTTON2 en $BUTTON1