Coût de la dépendance énergétique
698,6 millions d'€ d'importation de ressources fossiles en 2023 et 403,1 millions d'€ de recettes fiscales perçues
Les données d’importation utilisées dans ce chapitre proviennent de l’étude sur le coût de la dépendance énergétique de La Réunion mise à jour annuellement portant sur la période 2010-2023. Les données collectées sont les quantités importées (en tonnes) et le prix en euro courant. La Direction Générale des Douanes et Droits Indirects fournit les informations pour l’ensemble des produits comparés. Les données sur le carburéacteur sont comptabilisées au sein de cette étude depuis 2021. Enfin, la confidentialité de certaines données empêche la mise à jour des données sur l'essence, les valeurs de 2019 (dernières données disponibles avant la crise sanitaire) ont été reportées. Ainsi, certains chiffres peuvent être différents du Bilan Energétique de La Réunion (BER) à quelques tonnes près.
L'étude sur le "Coût de la dépendance énergétique de La Réunion" est disponible en téléchargement sur la page "Nos études"
Du fait de son insularité et de l’éloignement de ses principaux fournisseurs, l’île de La Réunion est très dépendante des importations d’énergies fossiles qui représentent, en 2023, 75,3% de sa consommation primaire. Bien que ces importations diminuent drastiquement en 2024 et représentent désormais 57,6% de sa consommation primaire en 2024, on note de nouvelles importations. Ces dernières sont liées à la conversion des unités de production électriques au profit de ressources renouvelables non locales et représentent 31,5% supplémentaires de la consommation primaire réunionnaise, contre 13,3% en 2023.
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie adoptée en 2017 constitue le volet « énergie » du Schéma Régional Climat Air Énergie (SRCAE) de La Réunion, adopté en 2013.
Les objectifs pour diminuer la consommation d’énergies fossiles sont :
- Dans le cadre de la sécurisation de l’alimentation électrique, la mise en place d’une turbine à combustion de 41 MW en 2018 située à Saint-Pierre, fonctionnant à partir de 80 % d’énergie renouvelable sur la base d’un fonctionnement de 800 heures par an ;
- Pour le charbon, diminuer sa part au profit de la biomasse dans la production totale des centrales bagasse-charbon ;
- Pour les énergies fossiles dans le secteur des transports, baisser la consommation de 4% en 2018 (par rapport à 2014), de 10% en 2023 (par rapport à 2014) et de 15% en 2030 (par rapport à 2014).
Afin d’atteindre ces objectifs, il semble important de pouvoir faire l’évaluation de la dépendance énergétique de l’île tant en termes de coût que de volume.
Le schéma ci-contre présente de façon synthétique la répartition par secteur des ressources fossiles importées en valeur hors taxe en 2023. L’électricité est le premier usage en consommation d’énergie primaire, alors que, comme le montre le diagramme de Sankey (BER à télécharger dans "Nos études"), la mobilité est largement en première position concernant la consommation d’énergie finale.
Le pétrole représente 92% des ressources fossiles importées en valeur hors taxe en 2023.
Quantités et valeurs des ressources importées
En 2023, La Réunion a importé 1 155 ktep de ressources primaires fossiles pour une valeur de 698,6 millions d’euros.
Les ressources fossiles importées en plus grandes quantités (en ktep) sont le gazole à hauteur de 36% (qui compte pour 48% de la valeur totale), suivi du charbon à hauteur de 20% (soit 6% de la valeur totale) et du fioul lourd à hauteur de 12% (soit 12% de la valeur totale)..
Le charbon et le gazole proviennent respectivement d’Afrique du Sud et de Singapour en 2020. A partir de 2021, la provenance de ces ressources n'est plus accessible en raison de la confidentialité des données.
Les variations des valeurs d’importation des différents produits sont intrinsèquement liées à celles des quantités importées ainsi qu’au cours du baril de pétrole (sauf pour le charbon). Ce dernier a baissé de près de 20% en moyenne par rapport à l’année 2022.
Après le recul du besoin en énergie lié à la crise sanitaire observé en 2020 (-28,9% entre 2019 et 2020), le besoin en énergie est reparti à la hausse en 2021 avec la reprise des activités économiques (augmentation de +65,1% - hors carburéacteur). Cette dynamique positive s’est poursuivie en 2022 avec une croissance de +57% de la valeur importée des énergies fossiles (hors carburéacteur) par rapport à 2021. En 2023, cette croissance se poursuit (+4,8%) malgré un fort ralentissement.
Coût d’importation des ressources fossiles en valeur
Les variations des valeurs d’importation des différents produits sont intrinsèquement liées à celles des quantités importées ainsi qu’au cours du baril de pétrole (sauf pour le charbon). Ce dernier a baissé de près de 20% en moyenne par rapport à l’année 2022.
Après le recul du besoin en énergie lié à la crise sanitaire observé en 2020 (-28,9% entre 2019 et 2020), le besoin en énergie est reparti à la hausse en 2021 avec la reprise des activités économiques (augmentation de +65,1% - hors carburéacteur). Cette dynamique positive s’est poursuivie en 2022 avec une croissance de +57% de la valeur importée des énergies fossiles (hors carburéacteur) par rapport à 2021. En 2023, cette croissance se poursuit (+4,8%) malgré un fort ralentissement.
On observe une diminution marquée de la valeur des produits fossiles importés en 2023 au profit des biocombustibles importés :
- Pour le fioul lourd : -57,2% par rapport à 2022.
La part occupée dans l’approvisionnement total en ressources fossiles est passée de 19% en 2022 à 12% en 2023. Les années où la quantité de fioul lourd augmente peu ou diminue sont celles pendant lesquelles la production hydroélectrique a au contraire été particulièrement importante, le fioul jouant habituellement un rôle de variable d’ajustement par rapport aux variations de production hydroélectrique.
En 2023, bien que la production hydroélectrique ait connu une diminution notable du fait d’une disponibilité moindre des installations, le fioul a été moins sollicité du fait de la conversion de la centrale de Port Est au profit du biodiesel.
- Pour le charbon : -62,5% par rapport à 2022.
Entre 2010 et 2021, la quantité annuelle de charbon importée a été relativement stable entre 550 000 et 710 000 tonnes avec un maximum atteint en 2012 (709 826 tonnes), pour atteindre son niveau le plus faible en 13 ans à la fin de la période (230 685 tonnes). Il en résulte un taux de croissance annuel moyen très faible sur la période : -8,1% par an.
- Pour le gazole : +1,3% par rapport à 2022.
En 2023, la valeur du gazole importé a connu une nette diminution en, soit 332,5 M€. L’année 2022 avait été une année record en valeur importée du gazole, marquée par une flambée des prix liée à la crise énergétique mondiale et avait atteint son niveau maximum historique (419 M€).
- Pour l’essence :
Aucune information concernant cette donnée n'est disponible depuis 2021, les valeurs de 2019 (avant la crise sanitaire) sont reportées depuis 2021. L'essence importée à La Réunion est utilisée uniquement comme carburant pour le secteur des transports.
- Pour le gaz butane :
On note une diminution de 25,1% par rapport à 2022.
Fiscalité liée à l'énergie
A l’importation, les ressources énergétiques fossiles sont :
- Soumises à des droits de douane selon l’origine et le type de produits (perçus par l’Etat),
- Taxées à l’octroi de mer et l’octroi de mer régional (perçus par l’Etat pour l’un et par les collectivités locales pour l’autre),
- Exonérées de Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA),
- Soumises à la Taxe Spéciale de Consommation sur les Carburants (TSCC) pour le gazole et l’essence (perçue par la Région, les collectivités locales et le Syndicat Mixte Parc Routier de La Réunion),
- Soumises aux droits de port (perçus par le Grand Port Maritime de La Réunion).
En 2023, le montant des recettes se répartit selon le tableau ci-dessous. En moyenne, la TSCC représente 78% des recettes fiscales perçues depuis 2010.
La fiscalité des énergies renouvelables n’est pas prise en compte dans ce paragraphe. Rappel : le carburéacteur et le bioéthanol n’étaient pas comptabilisés jusqu'en 2021 au sein de l’étude sur le « Coût de la dépendance énergétique de La Réunion » d’où sont extraites les données.
La Taxe Spéciale de Consommation sur les Carburants est une taxe fixée par le Conseil Régional dans les limites déterminées par la loi qui finance les collectivités locales. Elle remplace la Taxe Intérieure sur la Consommation des Produits Énergétiques (TICPE) qui ne s’applique pas en Outre-Mer.
Fiscalité locale des énergies fossiles en $BUTTON1
Le montant cumulé de 2010 à 2023 des recettes fiscales issues des taxes sur les importations de ressources énergétiques s’élève à 4,19 milliards d’euros. La recette fiscale totale destinée à l’Etat, les organismes publics de l’île et le Grand Port Maritime s’élève à 403,1 millions d’euros en 2023 (contre 405,1 millions d’euros en 2022).
Evolution de la fiscalité locale des ressources énergétiques importées depuis 2010